Aujourd'hui, moquons nous des vieux

C'est facile et sans risque, ils ne comprennent rien au net, aucune chance qu'ils tombent ici par hasard.

Dimanche dernier à Cannes, nous (enfin surtout les vieux) fêtions le 64ième anniversaire de la libération (apparemment c'était le bon temps.) Leur invasion perpétuelle de la ville ne leur suffisant pas et face à cette intolérable occupation du bitume par les anglais, italiens et à peu près tout ce qui trouve amusant de venir s'entasser ici en été, il était grand temps d'affirmer leur suprématie totale par un défilé exposant leur supériorité matérielle et numérique.

Pépé au volant, corki au siège passager, tranquillement en train de chercher une place où se garer pas trop loin du casino.

Et sur la côte, quand on parle des quasi-grabataires, aucune dépense n'est trop grande. Des jeeps comme si en pleuvait, des camions de transport de troupes, assez d'armes automatiques pour faire sortir Charlton Heston de sa tombe et des tanks. Oui, un génie quelque part dans la mairie de Cannes a cru bon de laisser des tanks faire des allers retours sur la croisette.

"Un tank sur la croisette ? Quelle idée géniale, ca faisait longtemps que je voulais défoncer le bitume sans raison !"

Dieu merci, les quasi-zombies, dans un éclair de lucidité, ont laissé les commandes aux jeunes, une belle bande de supposés militaires venus passer leur week-end de permission loin de la caserne (à en croire les discussions entendues la veille au soir en pub) ... en uniformes et armés jusqu'aux dents. C'est évident, ces gens là savent décompresser comme personne. Je dis « supposés » car le public jeune (comprendre les gens qui ont encore une chance de pouvoir profiter de noël 2008 sans avoir la vue génée par une planche de sapin) était d'une mixité pour le moins impressionnante. Du groupe de vraies bidasses aux amateurs obèses passionnés par tout ce qui pourrait faire assez de bruit pour arriver à détourner plus de 5 minutes leur attention du repas de ce soir, en passant par l'ineffable étranger au fort accent russe trimballant un bazooka sous le bras, il y en avait pour tous les goûts.

Captain Bacon et la brigade des p'tits lardons, excusez le flou sur la photo, le gras ambiant commençait à attaquer l'objectif.

Cela va sans dire, sous le front uni de bonne humeur, la bataille pour l'attention du public rageait pendant tout le défilé. Déguisement de Patton, fez ultra fashion, costume de jawa de starwars, tous les coups bas étaient permis. J'admets que malgré mes connaissances plus qu'étendues de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, je n'ai pas la moindre idée de la (ou des) bataille(s) où se sont illustrés les jawas ... sans doute quelque part en afrique du nord avec patton contre rommel, ces petits sagouins ont toujours eu une prédilection certaine pour les déserts.

Patton, le jawa et l'infirmière et un bien beau chapeau

Et même si les plus sérieux avaient l'air assez motivés et armés pour envahir le Var et leur apprendre à respecter les Alpes-Maritimes (et Dieu sait que ces bouseux le méritent, à faire les malins avec leurs tracteurs et leurs villages miteux), passé le deuxième tour de manège croisette les morts vivants ont du se sentir nauséeux et décider qu'il était temps de se garer, le premier bout de route vide étant le bon. Rien de mieux qu'un tank garé en double file pour calmer le trafic en ville.

"Désolé grand père, c'est pas parce que j'ai un camion de transport totalement vide que je vais te prendre en stop. Tu cours !"

Une fois le convoi à l'arrêt, plus rien n'a empêché les hordes de touristes de s'approcher et à l'instant où les « militaires » ont commencé à prêter les armes automatiques aux gamins pour prendre la pose pour les photos, j'ai bien compris que le conflit intergénérationel allait prendre une tournure sanguinolante et qu'il était plus que temps de m'éclipser. Ca et le fait qu'un défilé garé face a la mairie de Cannes allait sans l'ombre d'un doute aller attirer le maire hors de sa tanière et franchement, qui voudrait prendre le risque de croiser un élu UMP laché en liberté au milieu d'un véritable arsenal ? Pas moi, voilà qui.

Le temps de faire les quelques pas nécessaires à ma fuite mon retrait stratégique j'ai eu l'occasion de constater une dernière horreur ...

C'est vraiment moche la guerre.